- NERGAL
- NERGALNERGALUne des figures divines les plus importantes du panthéon babylonien. Nergal signifierait, en sumérien, «le maître de la Grande Ville», c’est-à-dire des Enfers. Même si l’on voit dans cette interprétation une étymologie seconde, cela montre pourtant bien le caractère essentiel du dieu. Sa ville sainte est Kutha, à 50 kilomètres au nord-est de Babylone: elle finit par désigner, dans la mythologie, le monde souterrain. Son culte, très antique, y est, au moins, attesté dès le roi Shulgi (\NERGAL 2094-\NERGAL 2027), mais on adorait le dieu dans toutes les cités du Sud mésopotamien: Lagash, Larsa, Ur.Les théologiens, en le confondant avec Meslamtaéa, autre divinité infernale, firent de lui un des fils d’Enlil, le dieu Souffle; Ninlil, parèdre d’Enlil, devint, du même coup, sa mère. On lui attribuait pour épouse tantôt Mamitum tantôt Ninshubura, personnalités très effacées; mais le mythe, classique, d’Ereshkigal, «la dame de la Grande Terre» (c’est-à-dire des Enfers), explique comment il fut séduit par cette dernière et comment il se vit alors contraint, en l’épousant, de partager sa royauté sur le monde des ombres; il y est à la tête des dieux infernaux, tels Gilgamesh ou Dumuzi (Tammuz) et du peuple des morts, qu’on se représentait comme des êtres crépusculaires, habillés de plumes et se nourrissant de terre.D’autres œuvres littéraires lui furent consacrées dès la fin du \NERGAL IIIe millénaire et fleurirent au début du \NERGAL IIe. Nergal devint aussi peu à peu dieu de la guerre et de la peste, deux calamités qui remplissaient au mieux son royaume. À ce titre, l’idéogramme qui le désigne est désormais celui de l’épée, et les épithètes qu’on lui attribue insistent sur son caractère de violence et d’impétuosité; il est comparé à un ouragan ou au déluge, à un taureau sauvage ou à un aurochs. Il dévore les hommes, comme le feu une roselière. Voyant comparaître successivement toute l’humanité, il la juge aux Enfers, assis sur son trône, les deux mains armées. Au milieu du \NERGAL IIe millénaire, les sculpteurs le représentent symboliquement par une massue terminée par un muffle de lion, gueule ouverte.Sa personnalité a des côtés positifs: il est fréquemment invoqué comme dieu protecteur, d’abord de sa ville puis des individus qui veulent bien lui demander son aide. À la fin du même millénaire, beaucoup d’hymnes et de prières lui sont consacrés. Avec le temps, on insiste davantage sur son aspect lumineux: Nergal est l’éclat. L’astrologie lui attribue notre planète Mars, dont le scintillement est présage de malheur et l’obscurcissement, au contraire, favorable.Les aspects, somme toute déplaisants, du dieu n’ont pas, dans l’ensemble, entravé l’extension considérable de son culte: à l’est, en Élam, Nergal concurrence le dieu local Inshushinak («le maître de Suse») jusqu’au début du \NERGAL IIe millénaire. Nergal est adoré, dès \NERGAL 2300, en haute Syrie, en particulier dans la région de l’actuel Diyarbekir. Il entre, ensuite, dans le panthéon officiel de Mari, où il a son temple. Il apparaît peu à peu en Assyrie, dans la seconde moitié du \NERGAL IIe millénaire et devient très important aux \NERGAL VIIIe-\NERGAL VIIe siècles, comme dieu de la chasse et de la guerre. Les Syro-Palestiniens l’assimilent à leur dieu de la peste, Reshef. Des colons assyriens l’installent avec eux à Samarie. De la Méditerranée orientale il atteint même le Pirée, où une inscription mentionne son prêtre, au \NERGAL IIIe siècle. Dans la ville parthe de Hatra, il a encore son temple aux Ier-IIe siècles, comme divinité guerrière et astrale.
Encyclopédie Universelle. 2012.